350 ans d’histoire
L’île est inhabitée jusqu’au milieu de XVII e siècle. Elle est alors une escale sur la route du commerce, appréciée en raison de l'abondance d’eau douce qu’elle offre à proximité immédiate des rivages. Elle reçoit ainsi la visite de nombreux navigateurs, arabes, portugais, anglais. On la trouve sur de nombreuses cartes, sous différents noms.
Les Français lui trouvent une première utilité : elle servira de prison, ou plutôt de lieu de relégation pour les mutins indésirables à Madagascar. Le Royaume de France tentait alors de prendre pied dans le sud de la Grande Ile située 700 km plus à l'Ouest. En l'an de grâce 1638, la petite île volcanique devient Bourbon, "possession du roy". Il avait suffi pour cela de planter sur son littoral une pierre gravée, qui appartient aujourd'hui à la commune de... La Possession !
Les premiers mutins débarquent en 1643. Ils découvrent une prison de rêve, regorgeant de forêts, de gibiers, de rivières. Les premiers colons s'installent vers 1663, accompagnés de serviteurs malgaches.
Jusqu'à sa faillite en 1767, la Compagnie des Indes Orientales gère l’île d'une main de fer. Tandis que la culture du café se développe, le système de l'esclavage se met en place.
Les colons blancs achètent leur main d'œuvre à des négriers, qui arrachent hommes, femmes et enfants aux côtes malgaches et est-africaines. La population blanche des origines, qui avait commencé à se métisser avec ses premiers serviteurs de couleur, femmes malgaches ou indo-portugaises, devient minoritaire.
Les plantations de café disparaissent vers la fin du XVIIIe siècle. Elles sont dès 1815 remplacées par les champs de canne à sucre.
C’est sous la Révolution que l’île change de nom : les Sans-culottes la rebaptisent Réunion, en mémoire de la rencontre des troupes révolutionnaires à Paris en 1790.
L’île passera brièvement sous contrôle anglais, de 1810 à 1815, puis sera finalement rendue au Roi de France.
L' île redevenue Bourbon prospère au XIXe siècle grâce à la canne à sucre. Le "roseau sucré" fait la fortune de la colonie. La lointaine France achète à prix d'or les pains de sucre moulés dans des dizaines d'"usines" attenantes aux propriétés coloniales. Les grands domaines s'étendent, les cirques se peuplent, l'intérieur montagneux de l'île est progressivement mis en valeur.
L'esclavage est aboli en 1848, mais la canne nécessite toujours plus de main d'œuvre : on fait alors appel à des volontaires indiens et africains, dont les conditions d'existence seront bien proches de celles des esclaves…
La société de plantation perdure jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, au rythme des crises de l'économie sucrière.
De nouvelles cultures apparaissent progressivement. Une orchidée aux formes de liane notamment, importée d'Amérique, fait naître des rêves d'opulence chez les colons : cette nouvelle plante n’est autre que la vanille ! Ses gousses séchées font très vite fureur sur le Vieux Continent.
Elle se reproduit cependant assez mal dans l'île, jusqu'au jour où un esclave de Sainte-Suzanne, Edmond Albius, résout le problème de fécondation des fleurs de vanilliers d’un simple geste de la main.
Les champs de vanille peuvent désormais s’étendre et c’est ainsi que le label "Bourbon" devient une référence mondiale, et l’est encore aujourd'hui.
La Réunion découvre également à cette époque qu'elle peut produire des géraniums et du vetiver qui, une fois distillés, donnent des huiles essentielles très appréciées des grands parfumeurs. De nouvelles cultures délicieusement odorantes prospèrent dans les hauteurs propices de l'Ouest et du Sud.
Mais les cours tendent à baisser et la richesse de la terre, malheureusement, ne profite pas à tous… La population d’alors souffre dans une colonie oubliée : la France préfère miser sur l'immense Madagascar toute proche.
Le 19 mars 1946 cependant, l'île obtient le statut de Département d'Outre-Mer, devenant ainsi française à part entière.
Un mouvement d’essor s’amorce puis s'accélère à partir des années 60 : la Réunion s'équipe, la jeunesse s'éduque, l'économie se développe et se diversifie. Le niveau des infrastructures locales n'a aujourd'hui plus rien à envier à la plupart des départements de métropole. Depuis le milieu des années 90, le tourisme est l’une des principales ressources de l’île.