Le calme après l’ éruption
CLICANOO.COM | Publié le 6 novembre 2009
Le volcan s’est réveillé hier soir vers 21h avant de s’assoupir à nouveau. Pour la première fois depuis 2007, la lave a jailli en dehors du cratère Dolomieu, sur les pentes du volcan, largement visibles du littoral dans la soirée.
L’éruption tant attendue aura été de courte durée. Ce matin aux alentours de 4 h, le volcan s’est rendormi. Au lever du jour, il ne restait que quelques fumerolles, à peine visibles à cause du brouillard et de la pluie.
Hier soir, pourtant dès 21 h le Piton de la Fournaise a assuré un spectacle d’enfer, le ciel rougeoyant attirant soudainement l’attention des automobilistes entre Saint-Philippe et Piton Sainte-Rose. Quelques heures plus tôt dans le courant de l’après-midi, l’observatoire volcanologique avait détecté une augmentation de la sismicité sous le Piton de la Fournaise. A partir de 17 h 30, les séismes se succèdent au rythme d’un à deux par minute, puis à 19 h 30 débute une crise sismique qui va durer une heure, suivie d’une accalmie. Vers 21 h, apparaît un trémor sur les écrans de l’observatoire : cette vibration provoquée par l’écoulement du magma propulsé par les gaz dans la cheminée volcanique signe en général le début d’une éruption. Des automobilistes circulant sur la route nationale 2 sont les premiers témoins de l’écoulement de lave et donnent l’alerte vers 21 h 15. Ils décrivent des fontaines de lave et surtout des coulées. C’est donc que la lave a jailli à l’extérieur du cratère Dolomieu, même s’il n’est pas impossible qu’une fissure se soit ouverte également dans le cratère. Une première depuis l’éruption d’avril 2007 et l’effondrement du cratère principal du Piton de la Fournaise, où étaient restées confinées les trois phases éruptives de 2008. La gendarmerie fait son apparition au Tremblet, où les habitants se sont rassemblés dans la rampe qui surplombe la coulée de 2007, plein de souvenirs dans la tête, toujours marqués par cette éruption qui les avait chassés de chez eux.
Les gendarmes : “Soyez prudents”
Certains éprouvent une hantise qu’ils ne cachent pas, d’autres s’embrasent, fascinés par le spectacle. Ils nous décrivent des coulées formées de multiple bras, qui descendent “très vite”. Deux fissures semblent s’être ouvertes sur le flanc est, juste au sommet. La rumeur court d’une fermeture de la route des laves ! Il n’en est rien, mais les gendarmes de Saint-Philippe font usage de leur mégaphone pour inciter les automobilistes à se montrer prudents et disciplinés, à ne pas stationner n’importe comment. Ameutés par la radio, ces derniers commencent à affluer. Pas la grande foule à cette heure tardive, d’autant qu’en fin de soirée, les lueurs diminuent et, tout d’un coup, la nuit redevient presque noire. L’observatoire volcanologique confirme : le trémor a beaucoup baissé. Entre 23 h 10 et 23 h 15, le trémor a presque disparu des écrans. Mais ce n’est qu’une faiblesse passagère : le signal revient, la lave illumine à nouveau le ciel sans nuages. Vers 0 h 30, une centaine de visiteurs se tenaient coi, au pied de la rampe du Tremblet, dans le Grand-Brûlé. Ils pouvaient à nouveau admirer les rubans de feu qui descendaient lentement depuis le sommet tandis qu’une nuit de veille se poursuivait à l’observatoire volcanologique. L’activité demeurait sous surveillance rapprochée en cas d’évolution de la situation, l’éruption étant loin d’être stabilisée.
François Martel-Asselin